Liste des auteurs/autrices

Auteurs/autrices

C’est parfois à des petits riens que l’on prend conscience des grands enjeux. Ainsi nous annonce-t-on que les frais dentaires, pas tout à fait une médecine de luxe, ne seront plus remboursés par la Sécurité sociale, dès le 1er octobre, qu’à hauteur de 60 %, contre 70 % auparavant. Charge, aux mutuelles, de compléter le reste.

Ce qui laisse donc à penser que le système d’État aurait désormais tendance à se défausser sur un système parallèle dont les actuels bénéficiaires seraient, en quelque sorte, soumis à une double peine, puisque sommés de payer deux fois pour le remboursement de la même prestation : une pour le public et l’autre pour le privé.

En poursuivant plus loin le raisonnement, cela signifierait qu’il y aurait deux catégories de Français : ceux qui payent et ceux qui touchent. Les premiers sont évidemment taillables et corvéables à merci. Ils payent de plus en plus et touchent de moins en moins. Les seconds payent de moins en moins (si ce n’est pas du tout) mais toucheraient de plus en plus. Et c’est précisément là que nous touchons le cœur du problème. Le trou de la Sécu ? Un mistigri à peu près aussi vieux que celui de la couche d’ozone ou des déficits publics.

Entre 6 et 8 milliards de fraude sociale

Certains le tiennent pour fatalité. Mais d’autres non, tel le magistrat Charles Prats, bien connu de nos lecteurs pour son incessante lutte contre les fraudes aux prestations sociales. À l’en croire, le trou en question serait principalement dû à ces mêmes fraudes. Interrogé par Sud Radio récemment, il révèle que « la fraude sociale représente 6 à 8 milliards d’euros par an, selon la Cour des Comptes. 8 milliards, c’est déjà beaucoup, mais ils expliquent que c’est une évaluation a minima. […] Et dans dix ans, ces chiffres auront encore augmenté. »

Quand on subodore le profil de certains fraudeurs en série, on comprend mieux : une éventuelle « stigmatisation » ferait peut-être vilain dans le paysage inclusif. Certes, Gabriel Attal, ministre de l’Action et des Comptes publics, entend lutter contre ce fléau. Mais comment faire ? En mettant le tout en scène, pardi ! En faisant semblant d’alerter sur ces arnaques en bandes organisées, tout en ne faisant pas semblant de matraquer ceux qui payent sans jamais rien recevoir, hormis quelques miettes. L’élève serait-il en passe d’égaler le maître dans le registre du « en même temps » ? C’est à craindre.

Pourquoi un tel pas de deux ? Tout simplement parce que si l’on mettait fin aux carambouilles des personnes incriminées dans ce qui commence à bigrement ressembler à un casse du siècle permanent, on pourrait faire le jeu et le lit de qui vous devinez ; Marine Le Pen, pour ne pas la nommer.

Résultat ? La persécution des honnêtes gens et ce laxisme devenu institutionnel vis-à-vis d’autres gens moins fiables. Policiers et gendarmes vous le confirmeront, il est toujours plus facile de verbaliser un automobiliste ayant bu un verre de trop que d’aller se frotter aux dealers des cités. C’est aussi ça, la France d’aujourd’hui. Il n’est pas sûr que les Français y trouvent leur compte.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *