Il y a 70 ans, Dien Bien Phu tombait…
Aujourd’hui, avec une immense émotion, un infini respect, une profonde admiration, nous honorons les vivants et les Morts qui ont douloureusement vécu cet enfer et nous nous souvenons de tous ceux qui sont restés là-bas, pour toujours, sur cette terre indochinoise, alors française. Nous gardons d’eux l’image de la force et de la jeunesse, de cette jeunesse dont ils ont fait don à la France.
Vous le savez, il y a soixante six ans, trois syllabes éclataient et résonnaient dans le monde : Dien… Bien… Phu…
Cette douloureuse tragédie appartient aujourd’hui à notre Histoire. Elle reste une part de notre patrimoine sacré, une page déchirante de notre cœur de Français où l’on rassemble les victoires et les défaites pour en faire le meilleur de notre identité.
Ce combat titanesque rejoint notre passé glorieux, qui va des jours sombres aux jours de lumière. Aujourd’hui, nous ne retenons que la mémoire et l’exemple de ces combattants de l’impossible. Grâce à eux, la guerre d’Indochine est entrée à jamais dans notre Histoire, comme d’autres pages faites de gloire et de déchirement.
Oui, combattants prestigieux, héroïques de Dien Bien Phu, un jour vint où personne ne pouvait plus rien pour vous.
Vous restiez des soldats qui livrent bataille jusqu’au bout.
Le Soldat ne négocie pas, ne signe pas les traités, ne conduit pas la guerre. Il se bat.
Et puis ce soir du 7 mai 1954, il y a 70 ans, dans un silence pesant, dans l’indifférence presque générale, vous avez disparu sans traces dans la nuit des pistes sans fin.
Vous avez souffert sans espoir dans les camps de la mort lente.
Vous, les survivants, êtes revenus dans un pays, la France, qui ne vous comprenait pas et qui parfois refusait ou méprisait votre sacrifice.
Loin de nos frontières, ce combat vous l’avez livré seuls. Vous l’avez conduit avec foi, courage et détermination. Seuls contre tous, à un contre 20, vous avez résisté dans l’honneur et pour la grandeur des armes de la France.
Non, Dien Bien Phu n’est pas aujourd’hui le symbole d’une bataille perdue. La Nation, la France savent aujourd’hui ce que fut votre engagement de combattants, votre courage d’hommes, votre honneur de soldats.
Parachutistes, légionnaires, artilleurs, fantassins, transmetteurs, aviateurs, marins de l’aéronavale, tirailleurs nord-africains, soldats vietnamiens, oui, vous avez fait d’une terrible souffrance, une immense fierté. Vous avez fait d’une solitude un moment privilégié où notre peuple se retrouve autour de valeurs qui ont fait votre grandeur : la confiance, la force, la fierté et le courage.
En cet instant, pensons à ces Vietnamiens, qui, en montant dans ces collines baptisées de noms de femmes, Anne-Marie, Gabrielle, Eliane, Béatrice, Isabelle…, chantaient la Marseillaise, d’un même cœur et d’une même voix avec tous ces combattants venus d’Afrique, avec ceux de France. Tous, vous avez construit là-bas, à jamais, une part indélébile de notre identité nationale.
Ce qui, à Dien Bien Phu, s’est refusé à la France, le peuple français l’a gardé en lui, comme un sacrifice, comme une lumière.
Aujourd’hui, seulement, quelques associations patriotiques vous rendent hommage.
A travers vous, c’est la pérennité de notre peuple, c’est la mémoire et l’histoire de notre pays qui nous réunit. C’est la Nation elle-même. Celle qui naît du sang reçu et qui vit du sang versé.
Que ces trois mots « Dien Bien Phu » demeurent le symbole de la grandeur et du sacrifice.
Dien Bien Phu, dont la chute, sans reddition, reste comme la plus haute vertu du dépassement de soi et du sacrifice des soldats de l’impossible dans l’exécution d’une mission sacrée.
Dien Bien Phu, image de l’abnégation et de l’héroïsme de combattants métropolitains, étrangers, vietnamiens, africains ou d’outre mer, que seul le génie de la France avait réussi à réunir.
Dien Bien Phu, page d’histoire, combat perdu dans l’honneur qui restera gravé comme un des plus hauts faits d’armes de l’histoire militaire de notre pays.
Aussi, n’oublions jamais !
N’oublions jamais que ces soldats d’Indochine se sont battus pour la France, sur ordre de son gouvernement, pour défendre la liberté de pays amis face à l’agression marxiste.
N’oublions jamais encore que, si la plupart des Français restèrent indifférents, certains prirent ouvertement parti pour nos adversaires, sabotant nos armes dans les usines, agressant nos blessés dans les ports et, comble de l’ignominie, participant à l’encadrement de nos prisonniers dans les camps viets au taux de mortalité record.
N’oublions pas, aussi, les 3500 volontaires pour rejoindre Dien Bien Phu et dont 709 non parachutistes furent largués pour la première fois dans la cuvette.
N’oublions pas enfin, le lendemain, le 8 mai 1954, à l’annonce de la tragédie de la chute du camp retranché tous les députés de l’Assemblée nationale, de gauche ou de droite, se levèrent pour respecter quelques instants de silence en hommage aux héros.
Tous se levèrent, sauf les députés communistes qui restèrent honteusement et scandaleusement assis.
Enfin, n’oublions pas que des années plus tard, un homme se leva.
Rolf RODEL, ancien légionnaire et ancien combattant de Dien Bien Phu, seul contre tous, malgré l’indifférence ou l’hostilité, entreprit de construire de ses mains et à ses frais un Monument sur le champ de bataille pour honorer la mémoire de ses anciens camarades.
Aujourd’hui, ce Monument est devenu officiellement le Monument de la République Française. La preuve était faite une fois de plus que la Volonté d’un Homme peut soulever des montagnes et bousculer l’adversité.
Aujourd’hui, soixante six ans après, les passions se sont apaisées. Le temps de la Reconnaissance et du Souvenir s’impose.
Devant l’Histoire, aujourd’hui, nous tous, Français, de quelques origines que nous soyons, en union et communion avec tous ceux qui se recueillent et se souviennent de par le monde de ces trois mots Dien Bien Phu, nous inclinons devant la mémoire de tous ces héros et rendons un hommage solennel aux 3420 tués ou disparus dans la cuvette, aux 7600 prisonniers qui moururent dans les camps et aux 3290 survivants de Dien Bien Phu dont certains sont encore parmi nous aujourd’hui.
Ils ont montré comme l’a dit le général de Biré, président d’honneur des combattants de Dien Bien Phu, qui nous a quittés en 2014, que « l’homme, quand il veut est plus grand que l’Homme. »
Qu’à tous ces Héros de l’impossible, gloire et paix soient rendues !
Que la France ne les oublie jamais !
Christian Piquemal
Président du CPS (Cercle des Patriotes Souverainistes)