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Auteurs/autrices

Suite à mon récent article concernant Gorges Bidault, quelques précisions me paraissent nécessaire afin de compléter les connaissances des générations qui ont eu le bonheur de ne pas vivre ces évènements dramatiques.

Installé derrière son micro, à Londres, De Gaulle joue sur plusieurs tableaux et n’hésite pas à opposer, jusqu’en 1943, la résistance de droite, dirigée par Henri Frenay et Pierre Brossolette, à celle des communistes et de la gauche, confiée à Jean Moulin et Raymond Aubrac.

Selon Henri Frenay, et son adjoint Bénouville, Jean Moulin est un agent du communisme international qui réserve la distribution de l’argent qui lui est distribué uniquement aux réseaux de gauche. Ce qui n’est pas totalement exact car ce sont les fonds qui n’arrivent plus de Londres.

De Gaulle n’arrose plus la résistance parce qu’elle ne lui est plus nécessaire pour assoir sa légitimité après la conférence de Casablanca, en 1943, où il a été reconnu par les Alliés comme le chef de la France libre.

Cependant le réseau « Combat », auquel appartient notamment Albert Camus, a un besoin urgent de financement.

Henri Frenay prend alors contact avec l’un des responsables des services secrets américains, stationné en Suisse, et accepte, contre une somme de dix millions, de fournir tous les doubles des renseignements qu’il adresse à De Gaulle.

Dès que Jean Moulin apprend cet arrangement la fracture est totale entre lui et Henri Frenay.

Ce dernier (qui je le rappelle avait fondé le réseau « Combat ») n’hésitera pas à écrire : « J’accuse le général de Gaulle de n’avoir pas entendu, et sûrement pas compris, l’appel passionné de tout un peuple et d’avoir éteint la flamme de la résistance. »

De Gaulle estime que Jean Moulin va beaucoup trop loin et s’oppose directement à sa volonté, lorsqu’il décide de constituer le Comité français de Libération nationale dont il confie la co-présidence au général Giraud (qui est, comme on le sait, le principal opposant aux ambitions gaullistes).

René Hardy doit rencontrer le général Delestraint, chef de l’armée secrète, le 9 juin 1943 devant l’entrée du métro «Muette».

Alors qu’il se rend à ce rendez-vous, Hardy, déjà sous surveillance (à cause de sa récente maîtresse l’irrésistible Lydie Bastien, rencontrée en janvier 43 et qui est une collaboratrice de Klaus Barbie) est intercepté à la gare de Laroche-Migennes, dans le train qui le conduit à Paris (il s’évadera quelques jours plus tard, suite à un arrangement avec la Gestapo).

Le général Delestraint est lui arrêté par la Gestapo ce jour-là et, comme le général Frère, il mourra en déportation.

La disparition du général Delestraint, chef de l’armée secrète, marquera la fin du financement et des livraisons d’armes par Londres aux Forces françaises de l’Intérieur.

On ne peut que constater qu’à dater du printemps 43 plusieurs responsables de réseaux de droite furent dénoncés aux nazis et remplacés souvent par des communistes.

Cela a été le premier coup fatal porté à la résistance intérieure, qui entraînera irrémédiablement le suivant, l’arrestation de Jean Moulin douze jours plus tard, le 21 juin.

Tous ces faits véridiques nous sont rapportés dans le remarquable livre que nous devons à Daniel Cordier, ex-camelot du roi, rallié à Londres dès 1940, appartenant au BCRA (Bureau Central de Renseignements et d’Action) et placé par De Gaulle auprès de Jean Moulin, comme secrétaire particulier afin qu’il le tienne sous surveillance.

Cordier déposera d’ailleurs, lors du procès, en son âme et conscience en faveur de la culpabilité de René Hardy pour la trahison de Caluire et l’arrestation de Jean Moulin.

Après la disparition de Jean Moulin et la mise à l’écart d’Henri Frenay, qui est devenu un ennemi pour De Gaulle, c’est Georges Bidault, homme de droite, qui est placé à la tête du Conseil national de la Résistance.

Celui-ci permettra à De Gaulle de pénétrer dans Paris et de descendre les Champs-Élysées en libérateur de la nation. (Son personnage, comme je l’ai indiqué, disparaîtra de la photo officielle quelques années plus tard).

Georges Bidault fera un bref passage comme président du gouvernement provisoire de la République française de juin à décembre 1946. Il participera activement à la fondation de la IVe République avant d’être « éliminé » par De Gaulle, devenu l’allié des communistes.

De Gaulle, bien que soutenu par le CNR, se rapprochera des FTP communistes afin de s’assurer leur soutien dès l’approche de la Libération car il s’agissait alors de la force armée la plus solide et la mieux implantée pour lui garantir la prise du pouvoir (grâce à l’aide financière et à l’armement fournis par l’URSS).

Vous avez pu lire la suite dans mon précédent article.

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