Liste des auteurs/autrices

Auteurs/autrices

« …Le para ne dort pas – Il récupère.
Le para ne mange pas – Il restaure ses forces (en morfalant une 
« concrète »).
Le para ne boit pas – Il se désaltère.
Le para n’avance pas – Il progresse.
Le para ne monte pas à l’assaut – Il bondit (comme un félin).
Le para ne fuit pas – Il se replie en combattant.
Le para ne se planque pas – Il manœuvre.
Le para ne s’abrite pas – Il se camoufle.
Le para ne rampe pas – Il utilise le terrain.
Le para ne tire pas – Il rafale.
Le para ne drague pas – Il ratisse.
Le para ne conte pas fleurette – Il évoque ses campagnes.
Le para ne b….e pas – Il saute.
Le para ne saute pas – Il passe la portière.
Le para ne saute pas (au combat) – Il plonge dans la mêlée.
Le para ne méprise personne – Il lui arrive d’admettre qu’il puisse exister d’autres régiments (paras) que le sien.
Le para n’a pas d’opinion (s) – Il n’a que des certitudes (qu’il est le meilleur, par exemple).
Le para ne joue pas des coudes – Il roule des mécaniques.
Le para n’est pas immodeste – Il a, tout simplement, conscience de sa valeur.
Le para n’est pas un héros – Il est para (ce qui veut dire la même chose).
Le para n’a jamais de rhume de cerveau – Il a des crampes dans les mollets.
Le para ne meurt pas – Il exécute son ultime saut.
Le para ne va pas au Ciel – Il y retourne.
Et d’ailleurs, un para est un para – Et réciproquement… »
                                 (Erwan Bergot).

Il n’avait ni la taille, ni la carrure, ni la gueule de baroudeur d’un parachutiste. Petit, boiteux (à la suite d’une poliomyélite), moustachu alors que Marcel Bigeard voulait des paras glabres, il ne ressemblait pas à l’image que l’on se fait généralement du guerrier et pourtant, dans le monde assez élitiste des parachutistes, il était une légende. Et, j’ai eu le privilège de le connaître.

Notre premier contact date de la sortie de mon livre « Au capitaine de Diên-Biên-Phu » (1) que je lui avais dédicacé. A l’époque, il m’avait dit : « J’ai sans doute connu votre père durant la bataille mais je me souviens surtout de lui au camp N°1. J’étais lieutenant et lui capitaine. Il nous a aidés  à surmonter nos épreuves par sa bonne humeur ; il arrivait même à nous faire rire… ».

                Notre dernier entretien date du congrès annuel de l’Union Nationale des Parachutistes, à Vannes, dans le Morbihan, en 2018. Lors de ce congrès, l’UNP a déposé une gerbe sur les tombes du commandant Reilhac et du lieutenant-colonel de Verdelhan – mon père – tous deux anciens paras de Diên-Biên-Phu, enterrés dans le petit cimetière de Baden, entre Vannes et Auray.

A cette occasion, j’ai offert au colonel Jacques Allaire mon livre « Hommage à NOTRE Algérie française » (2) dédicacé. Il m’a chaleureusement remercié.

Ses funérailles ont été célébrées, le 6 avril 2022, en la Cathédrale Saint-Louis des Invalides.      J’aurais voulu lui rendre hommage ce jour-là mais de nombreux déplacements m’ont obligé à différer mon article. Je le fais donc seulement aujourd’hui, en retard mais fidèle au « devoir de mémoire » que je m’impose depuis quelques années.

Jacques Allaire aurait pu écrire, comme Napoléon, « quel roman que ma vie ! »,  mais il préférait l’humour ; pince-sans-rire il déclarait : « Mon rêve c’était d’être comme les autres, J’étais inapte à l’infanterie, j’ai pris les paras ! ». Il fallait pour cela un certain courage !

Le futur colonel Allaire est né le 8 mars 1921. Victime de la poliomyélite à 4 ans, il est élevé par sa mère puis son oncle.

A 20 ans, le 8 aout 1944, malgré sa « guitare en flanelle » comme il l’appelait, il s’engage au 1er Bataillon  FFI de la Sarthe et  participe à la libération du Mans.

Fin 1945, il intègre la 2ème DB de Leclerc, malgré son handicap en trichant lors de la visite d’aptitude médicale. Caporal, il se retrouve à Saïgon. Il découvre l’Indochine, attrape le « mal jaune » et épouse une infirmière du Corps Expéditionnaire Français d’Extrême-Orient.

Il est rapatrié en métropole à la suite d’une forte dysenterie. Une fois rétabli, il trafique son dossier médical pour pouvoir s’engager dans les parachutistes coloniaux.

Puis, il repart pour un second séjour en Indo avec le grade de sous-lieutenant de réserve et se distingue par son courage  et son ardeur au combat.

De retour en France en janvier 1950, après 25 mois de séjour, il est démobilisé et reprend son métier de libraire à Paris. Une activité sédentaire qui ne lui convient absolument pas.

En Indochine, la guerre continue. Le sous-lieutenant Allaire rempile et fait disparaître son carnet de santé pour retourner chez les paras.

Aérotransporté à Na San en janvier 1953, il est versé au 5ème BPC(3). Quelques mois plus tard, il est affecté au 6ème  BPC du légendaire commandant Marcel Bigeard, alias « Bruno ».

C’est avec le « 6 » de Bigeard qu’il sautera à deux reprises sur Diên-Biên-Phu.

Une première fois, le 20 novembre 1953, dans le cadre de l’ « Opération  Castor », et la seconde le 16 mars 1954 en renfort de la garnison assiégée.

Nommé lieutenant d’active pendant la bataille, il sera le seul officier à demander (et à obtenir) un ordre écrit de Bigeard pour « déposer les armes sans drapeau blanc ».

Il est fait prisonnier le 7 mai à la chute de Diên-Biên-Phu. Libéré en septembre 1954, il rentre en France ou il occupe le poste d’adjoint du colonel commandant la Brigade de Parachutistes Coloniaux à Bayonne. Au début de l’année 1956 il prend le commandement d’une compagnie du 3ème  RPC du lieutenant-colonel Bigeard. Il participe à la bataille d’Alger, en 1957 et arrête l’un des leaders du FLN, Larbi Ben M’hidi. Puis il rejoint le 7ème  RPC à Dakar.

En 1958, son régiment est engagé dans l’ « Opération  Ecouvillon » qui vise à refouler de Mauritanie (et du Rio de Oro) les R’Gibat, une tribu maure venue du Maroc.

En 1960, Il abrège son séjour en Afrique Noire pour retourner en Algérie où il prend le commandement d’une compagnie du 8ème  RPIMa (4). Il rentre en Métropole en 1961.

Ecarté des troupes aéroportées en raison de sa sympathie pour les défenseurs de l’Algérie française, il est versé, sur sa demande, dans l’Aviation Légère de l’Armée de Terre (ALAT).

En 1970, il retrouve le 8ème  RPIMa à Castres avec pour mission  de transformer le régiment en  une unité d’engagés volontaires(5).

Accidenté lors d’un saut en parachute et classé définitivement « inapte TAP », après un bref séjour comme instructeur à l’école des Fusiliers Marins de Lorient, puis  un passage à la 2ème  Division Militaire en Ile-de-France, il sert au Dahomey (aujourd’hui Bénin) où il occupe le poste de Conseiller au cabinet du Président de la République.

Il quitte l’armée en 1974 et reprend une activité dans l’édition à Paris, puis à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Blois jusqu’en 1984 où il cessera toute activité professionnelle.

Sept fois cité, deux fois blessé, grand invalide de guerre, le colonel Jacques Allaire était Grand Officier de la Légion d’Honneur et l’un des officiers supérieurs les plus décorés de l’Armée française.

Jacques Allaire retournera…  six fois au Vietnam. Il  disait souvent que « Le Vietnam est un pays que l’on ne quitte jamais ».

De mon côté, avant d’écrire mon premier livre « Au capitaine de Diên-Biên-Phu »,  j’ai voulu (tenter de) comprendre l’Indochine – car je n’arrive pas à l’appeler Vietnam -.

J’ai sillonné ce pays du sud au nord ; du delta du Mékong au golfe du Tonkin ; de Saïgon – que je me refuse à appeler  Hô Chi MinhVille – à Hanoï. J’ai fait ce périple comme un pèlerinage, en pensant aux soldats du Corps Expéditionnaire Français d’Extrême-Orient partis là-bas par goût de l’aventure, du baroud, pour la solde parfois mais, pour beaucoup d’entre eux, la volonté de défendre les valeurs de l’Occident chrétien et de protéger des populations amies de la « peste rouge ».

Je n’ai pas pu rendre hommage au colonel Allaire le 6 avril, mais, à peine rentré chez moi, j’ai  revu (pour la Xème fois) « La 317ème section », « Diên-Biên-Phu » et « L’honneur d’un capitaine » de Pierre Schoendoerffer. Puis le décès de l’acteur Jacques Perrin m’a donné l’occasion de revoir à la télé « Le crabe-tambour »  également de Schoendoerffer, servi par une kyrielle de bons acteurs.

Si nous n’étions pas devenus un peuple frileux, honteux, frappé de repentance, les romans de Pierre Schoendoerffer figureraient  aux programmes scolaires, ils le méritent !

Voilà mon colonel, cet hommage est court, et je suis conscient que vous méritiez mieux.

Comme vous aimiez l’humour à froid, j’ai voulu mettre en entête, ce texte d’Erwan Bergot qui fut, lui aussi, un héros de Diên-Biên-Phu et qui, comme vous, ne se prenait pas au sérieux.  

                Que l’Archange Saint Michel, le saint patron des paras, vous accompagne pour votre dernier saut. Ce coup-ci vous n’avez pas eu à tricher sur votre état de santé, mais, comme dit Bergot :

« Le para ne va pas au Ciel – Il y retourne ».

Au revoir mon colonel, avec mes respects.

1)- « Au capitaine de Diên-Biên-Phu » ; SRE-édtions ; 2011.

2)- « Hommage à NOTRE Algérie française » ; Editions Dualpha ; 2018.

3)- BPC : Bataillon de Parachutistes Coloniaux.

4)- C’était la fin de notre Empire colonial, les anciens RPC devenaient des Régiments Parachutistes d’Infanterie de Marine (RPIMa).

5)- Pour venir en aide  au président Tombalbaye au Tchad, en guerre contre le « Front de Libération National Tchadien »(Frolinat), la France ne voulait envoyer que des engagés volontaires.

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